Une Harley pour deux

Mon choix était donc arrêté. C’était elle ou rien !

J’ai eu un gros coup de cœur pour la Softail sport glide 107 modèle 2018. Pour un peu moins de 18 000 euros, je m’offrais là un grand Cru H-D, à la fois vintage et top moderne avec ses jantes Mantis, sa suspension adaptable, sa ligne basse et son gros pneu arrière.

Une bécane polyvalente comme je les aime. Avec de la race et de la souplesse. L’essai avait été plus que concluant. J’étais sûr de m’éclater avec ce cruiser taillé pour les longs runs. Je pouvais même régler les amortisseurs pour offrir à ma passagère un confort optimal. Que demande le peuple du bitume ?

J’ai opté un modèle déjà rôdé par le concessionnaire (une moto d’essai). Pas question de me traîner, je ne voulais pas attendre pour faire chauffer le macadam (et puis c’est un peu moins cher). Je l’ai pris noire. Une couleur classieuse et chaude. La préférée de ma femme. Je l’espérais sensible au geste…

La Harley Woman : belle, rebelle… et mère de famille

Si je me faisais plaisir avec cet achat, j’avais conscience que mon bonheur ne serait complet que si je pouvais le partager avec ma chère et tendre. Autrement dit, si elle consentait à piloter cette machine qu’en bonne habituée aux Geishas, elle jugeait a priori lourdingue et peu maniable. Mais je ne doutais pas que cet engin allait la faire changer d’avis.

Dans mes rêves, elle devenait une Wonder Harley Woman, super héroïne harnachée de cuir. Une mère de famille qui se transforme d’un coup en Harley Globe Trotteuse que rien ni personne ne peut arrêter. Du pur fantasme.

Dans la réalité, il fallait d’abord la convaincre de monter avec moi. Or, la selle en deux parties, basse et confort pour le pilote, offrait peu de surface à la passagère. Pour lui permettre d’avoir un bon appui dorsal, j’ai commandé un sissy bar adapté au modèle. Sur les longues distances, cet accessoire est indispensable.

Un pacte avec Mister Big Twin

Histoire de fêter l’événement, avant les présentations familiales, j’ai tenu à passer notre première journée ensemble, ma Harley et moi. On a parcouru un bout de côte armoricaine à fond les pistons. Il faisait beau, j’avais mis mon top rocker, mon casque Harley, mon bandana Skull, et mon appareil photo reflex numérique dans la sacoche amovible. J’étais un biker, reconnu comme tel par ceux que je croisais sur leurs machines, et qui ne manquaient pas de me saluer. Avec entre autres Broterhood of Man de Motörhead dans les écouteurs, j’étais sur une autre planète. Je ne me suis même pas arrêté une seule fois pour prendre des photos, c’est dire !

Pour sceller mon pacte avec Mister Big Twin, j’enchaînai quelques virages pour tester l’assiette de ma machine. Franchement, je ne m’attendais pas à une telle maniabilité. Comme quoi les préjugés… J’ai poussé les gaz histoire de faire monter l’adrénaline. Je me suis fait un peu peur à l’entrée d’un rond-point, mais la bécane a rétrogradé sans broncher. Puis j’ai tiré la bourre avec un bol-de-riz avant de le laisser partir devant. Quand c’est lâché, un 1746 cm3, ça fait du bruit dans le landernau !

Présentation de ma nouvelle conquête à mon épouse

Toutes les bonnes choses ont une fin. Après cette virée en solo bien enivrante, je redescends sur terre et je rentre au bercail. Je me sens dans la peau de Jax Teller, le chef des Sons of Anarchy, quand il regagne ses pénates pour mettre les pieds sous la table et raconter des histoires à ses mômes après une virée sauvage et sanglante avec sa meute pistonnée. Une tranche de vie qu’on ne voit pas dans la série, bien sûr. Mais c’était ma réalité à moi. Sans les guns.

Quand j’ai présenté Mister Big Twin à ma femme, j’avoue que j’avais le trac.
« Ouais, pas mal ! La couleur me branche bien », elle a fait, mais j’ai vu son œil briller. Cool ! Elle a tourné autour en faisant la moue, a trouvé que le pare-brise de la tête de fourche était rikiki, et que les sacoches rigides n’étaient pas pratiques. Si elle mégotait sur des détails, ça voulait dire qu’elle commençait à l’aimer.

Ma Softail sport glide au banc d’essai… de ma femme

Quand elle m’a demandé comment elle allait pouvoir tenir longtemps sur une selle au confort tout relatif pour le passager, j’ai sorti ma carte maîtresse : le sissy bar, pour le maintien de son dos. Et je lui ai montré comment régler la suspension arrière pour avoir plus de confort.
Ma chérie a apprécié mes attentions. J’ai quand même eu du mal à la convaincre de faire un essai pour l’adopter. Elle m’a répété que c’était mon joujou, mon achat-plaisir à moi, pas le sien. Dans ces cas-là, il faut se contenter de répondre : « Bien sûr, mon amour. »

Elle a été bluffée dans le premier virage négocié à 2000 tours : ça passait comme une lettre à la poste ! Elle m’avoua être impressionnée par sa souplesse. Nom d’un bol de riz ! Allait-elle enfin changer d’avis ?
Par contre, côté look, ça ne le faisait pas trop. Ce n’est pas que je sois étroit d’esprit, mais le blouson de moto Furygan et le casque intégral façon Daft Punk, ça ne colle pas avec l’esprit Harley… et ça me colle la honte !
Il était urgent de la convertir à l’esthétique biker.

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